• e-atelier octobre 2014

    Écrivez un texte sans aucun verbe.

     

     

    Sur l’infini possible de ces lignes

    Et l’improbable destinée de ces lettres

    Une tentative hésitante de composition

    Pour un exercice de style périlleux

    O toi verbe, aussi éloquent que digne,

    Au cœur de l’action et la conjugaison,

    Pourtant ici un nouveau paramètre

    O toi verbe, cette fois voilà tes adieux

     

    Une queue, une tête, pas de corps mais un texte

    Sans verbe…

     

    Amélie

     

     

    Incroyable, inouï, époustouflant, l’événement, le jour où tout le monde en place,
    dans le tourbillon de la vie, chacun dans sa partie, un des éléments du Tout.
    Chacun bon ou mauvais, selon des critères d’humanoïdes.
    L’articulation et les interactions de ce mélange, ce maelstrom parfait, la marche en
    avant dans un temps non linéaire pour l’avancée de l’espèce humaine du végétal et
    du minéral dans le cadre du « Grand Programme », prédestination ou non ?
    Le grand livre, celui-là même de nos futurs avant nos choix sur la route de nos
    lendemains, confiance en l’univers, confiance en moi, pour le chemin Juste,
    Forcément juste puisque mien...
    Maxime : « Au début était le verbe, sans verbe pas de fin »

     

    Gérard

     

     

    Eh bien voilà. Une nouvelle page blanche, un clavier et mes doigts paresseux. Et le thème du mois, non mais quelle galère mon Dieu ! Un texte sans verbes ? Et pourquoi pas une pelouse sans herbe ? Une nuit d’amour sans cigarettes ? Une femme sans projets ou des jean’s sans baskets ? Sans verbes aucune phrase debout. Rien que des mots par terre. Pas de mouvements, pas de chemins. Me voilà sain de corps mais aussi invalide qu’un paraplégique dans son fauteuil. Plein d’idées, d’envies, de rêves de légèreté, et aussitôt autant de blocages, d’impossibilité, de regrets. 

     

    Alors évidemment, solution de facilité pour l’écrivain (pour le paraplégique, pas de solutions, même complexes, désolé) : les descriptions et énumérations. L’ennui total ! Du visuel au lieu du vécu. Des listes à la place des analyses. Et pourquoi pas de la poésie tant qu’on y... Merde. Bah voilà, pas d’expressions toutes fai… (aaaaah) non plus. Frustration. Et pour les dictons et autres proverbes, pas de dérogation ? Et le sens de la formule ? Interdit ? Bon d’accord, rien que des mots en fait. 

     

    Oh oui ! Des jeux de mots ! Drôles et pleins d’esprit. Par exemple, heu… voilà, non, trop difficile finalement. Avec ou sans verbes, beaucoup trop difficile. 

     

    Alors évidemment, solution de facilité pour l’écrivain fainéant (et aussi pour le paraplégique ! Alléluia !) : des insultes. Plein d’insultes gratuites et sans autre but que de se dé… Oh ouais, vite, des gros mots bien gras pour le voisin et sa perceuse du dimanche matin. Pour les titulaires de permis de pochettes surprises. Pour l’alcool mauvais et le mauvais alcool. Pour la crotte et le chien et double ration d’insultes pour le maître. Pour les patrons et les heures supplémentaires. Pour les trains en retard, les bouchons, la pluie, la crise, les guêpes, les flics et les politicards ! L’insulte pour tous, ici pas de jaloux ! Mais surtout, et plus que tout, l’insulte pour les égoïstes, les seuls au monde, les antis empathie. Pour les ignares du cœur, les analphabètes de l’âme, les sans doutes et sans reproches. Et pour les têtes de bois. Ouais, buffet d’insultes à volonté pour les têtes de bois. Sans verbes et sans scrupules de la part d’un écrivain flemmard. 

     

    Tif

     

    Feuilles jaunes mortes par terre automne fade rue déserte et triste nuit tôt voilà le froid bref bonjour hiver neige pas loin bienvenue veste doudoune parka et surtout bonnet et écharpe enfin la cheminée les châtaignes et nuit courte vivement le printemps

     

    Michèle

     

     

    Le réveil

    Dehors, un soleil brumeux et froid, mais déjà bien lumineux. Dedans, sans bruit, un petit garçon, sous les couvertures, les yeux joyeux. Les jouets multicolores, sous le lit ou dans les cartons, mais pas pour très longtemps... Avec allégresse, entre les petites mains, voici la création d'un nouveau monde, pleins de couleurs et de rires. Les voitures, les soldats, les peluches, l'avion, les légumes en plastique, tous, sans exception, même les pantoufles. Tel un arc en ciel ou des rayons de lumière, sans doute des hallucinations, mais non, juste une joie infinie.Voici le réveil d'un petit gars plein de vie, et de sourire.

     

     

    Absence de verbe

    Un texte sans verbe ! Sans aucun verbe !! OH LA LA! une succession de noms, pronoms, adjectifs sans une liaison, sans l'articulation d'un verbe! Un amas de mots illogique ! Une accumulation clopin-clopant ! Mais NON ! Justement, génial ! Adieu conjugaison, enfin plus une faute avec les verbes irréguliers si difficiles... Juste une habile réflexion, un travail de ponctuation, avec la quiétude des seuls mots. Dérive de descriptions incessantes, ou envolée de citations lyriques. Un nouveau style littéraire à part entière, une création simple avec les délices de la langue française. L'écriture de mains en main, à la suite d'un chemin chaotique de phrases sans verbe, jusqu'au mois prochain avec une nouvelle consigne, certainement plus complexe....

     

    Quelles belles idées!

    Merci Flore.

     

    Mapy

     

     

    Le miroir d une vie

    Nouveau-née instantanément aimée par les yeux d’une mère subjuguée.

    Bébé intrigué d’un fou rire partagé par une jumelle parfaitement inversée.

    Petite fille en robe de princesse, grimée en danseuse ou chanteuse. Des projets et des rêves plein la tête.

    Ado affolée, un bouton sur le nez. Photo de classe ratée, sa vie à jamais gâchée.

    Jeune femme, avec son corps réconciliée, joliment parée.
    Amoureuse de son prince charmant envoutant.

    Femme mure, première ride gravée sur un front grisonnant.
    La maison vidée de ses enfants.
    Ne cherchant que sérénité,
    La retraite arrivée.

    Femme âgée, sa vie passée devant ce miroir si cruel.
    Comprenant que seul dans le regard de son bien aimé et malgré les années envolées, son amour et sa beauté à tout jamais inchangés...

    Texte de moi pour vos yeux...

     

     Virginie

     

     

    Et de jour en jour,
    de saison en saison.
    Lumière, senteur et chaleur.
    Enfants de la terre, du ciel et du vent...
    Joie de vie, de chair et de sexe.
    Vous, nous, eux ; ensemble !
    Allégresse, ivresse ou détresse,
    Le monde, feu comme froid.
    Un tout pour la vie.

    И@Ћ

     

    Arbre de vie,

    arbre de lumière,

    être végétal aux  mille couleurs automnales;

    légères comme  la mousse verte de pluie et de rosée matinale.

     

    Brume épaisse, halo opaque et laiteux, place à la clarté matinale...

     

    A travers la transparence de mes nervures ; 

    une couverture uniforme de feuilles de paille,

    introduction  de la matière organique, l'humus.

     

    Propice à la découverte du sous bois et à

    l’attente de  la poussé du végétale sans chlorophylle, selon la lune du moment.

     

    En accord avec le musc du sous bois... la préparation des empreintes hivernales, comme des indices fulgurants du changement.

     

    Taches blanches, flocons neigeux, lainage épais et douillet, l'hiver, en préparation.

    Traces indélébiles, le messager du froid, une enveloppe cachetée à la cire du Grand Nord.

     

    Des gestes lents, pas à pas, la ligne droite de l' hibernation.

    Au creux de l'arbre, las, le corps en état léthargique.

     

    L'appel de la forêt et de mère nature, le contrôle du métabolisme.

    Souffle court...

     

    Hypothermie mentale comme une renaissance. Corps sans âme,  sommeil en larme, mon reflet de glace,

    mes entrailles, une faille, mon corps dans l'âme,  température hivernale.

    Le glas du ralentissement et de l'instant.

     

    La  blancheur du drap immaculé, à côté de l'arbre...

    Liéko

     

    Un texte sans verbe. Un texte sans paroles, donc. Un texte descriptif. Un paysage ? Un inventaire ? Des pensées ? En tous cas, des mots les uns derrière les autres, mais muets, nécessairement. Des phrases un peu bancales, une petite tricherie. Un semblant de tristesse aussi : sans verbe, un peu de couleur égarée. Alors, comme un défi, la plume vers l’ailleurs des mots. Vers les adjectifs, par exemple. Comme « infini », mot sans verbe équivalent. Ou « magnifique ». Ou encore « extraordinaire ». Oui, un texte sans verbe, donc extra-ordinaire. Une rêverie éveillée. Désordonnée. Un puzzle de mots, imbriqués, mais sans réellement de pièce maîtresse. Un puzzle in-fini. Mais magnifique aussi. L’essence de la langue, sans fioritures ; une petite renaissance dans le surréalisme. Un texte à la Breton par exemple.

    « Ma femme à la chevelure de feu de bois

    Aux pensées d’éclairs de chaleur

    A la taille de sablier (…)

    Ma femme aux yeux d’eau pour boire en prison (…) 

    Aux yeux de niveau d’eau de niveau d’air de terre et de feu »

    L’amour sans le verbe et malgré tout, l’aboutissement du sublime. Juste par des gestes et par des images. L’amour indicible. Simplement vécu.

     

    Flore

     

    Un texte sans verbe

    Comme dans un désert de vagues sans herbe, célébration du vert à l’envers, et du gris à l’envi et du rouge tout rougissant sur un tableau aux couleurs éperdues,

    Comme les pensées décapitées de Malherbes auprès de son roi, sur le chemin languissant d’une campagne oubliée et d’un exil inutile, rien que pour la rime,

    Le verbe couleur de la langue, échange des peuples, coup d’œil du destin ; ainsi le verbe à la naissance du monde, au cloisonnement des neurones endormis, à l’origine des origines, dans la main des forces supérieures discrètes inconnues émouvantes divines,

    Un texte sans verbe

    Comme un infini sans étoiles filantes, sans firmament, sans amas laiteux, un sentiment d’amour inexplicable car sans échange au milieu des nuits effrayantes de la solitude, un texte difficile mais amusant à l’usage des singes, du roi des singes et des esclaves analphabètes et furieux qui bientôt,

    Pourquoi pas un texte sans mot : rien que d’indirects glissements oculaires, de simples gestes, des bras accueillants, des âmes bienveillantes autour de la marmite toujours pleine et ronronnante ; surtout pas de musique, car musique = langage = verbe = le Verbe issu de la création

    Un texte sans verbe

    Comme un jour sans toi sans mon enfant adoré sans ma respiration haletante au-dessus du verre d’eau, du verbe docile, du verbe haut, définition d’un livre tout en douleur oublié dans une poubelle jamais vidée, dans la ronde des mensonges, des habitudes, des incapacités chroniques, de l’illisibilité ; un texte sans loi, sans roi, un texte aux abois en espérance du verbe minimal pour l’illustration du moi………………………………………………………….


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  • Créez une couleur qui n’existe pas, définissez-la et dites en quoi elle est importante.

     

    C’est la couleur du rêve, celle-là même que l’on devine à travers nos paupières closes. Cette couleur tachetée de grains lumineux frémissants. Cette couleur caméléon qui enveloppe nos idées les plus intimes, cette couleur qui dissipe nos actes, cette couleur qui atténue nos souffrances, cette couleur qui s’accorde aux notes du silence. Cette couleur qui mélange d’un battement toutes les couleurs de la journée à l’heure du coucher. Cette couleur-là, c’est celle du repos de l’âme, celle de l’extinction avant la renaissance, celle de la mort, celle de la vie avant la naissance…

    Amélie

     

    Je viens du Nord. Mais pas du Grand avec ses forêts enneigées, ses rennes, et ce bon vieux Père Noël. Moi je viens du gris. C’est-à-dire de Paris. Un thème sur la couleur, de prime abord je me suis dit : non merci. Même si aujourd’hui je me baigne dans les bleus, les verts, et les roses du Sud de la France, créer une couleur, je le sentais pas. J’écris toujours la nuit, ça m’aide pas.

    J’ai pourtant persévéré, creusant ma mémoire à la recherche de moments colorés, et je me suis souvenu d’elle. De sa joie naturelle, de son sourire et de ses cheveux blonds savane qui couvraient et découvraient ses épaules au gré de ses éclats de vie.

    J’ai revu ses yeux verts argent, ses mains peintes de couleurs inconnues mais parfaitement répertoriées, et ses volutes de fumée grise et bleue dans lesquelles je me noyais.

    D’un coup de mémoire il faisait jour. Elle était là. Et ce thème semblait être fait pour moi. La couleur de sa peau méritait d’être créée.

    Ni noire, ni chocolat au lait. Elle était bronzée mais pas métisse. Ni dorée. Encore moins orange. Plutôt cuivrée. C’est ça, cuivrée. Quoique… elle brillait, certes, mais sans refléter ni éblouir. Elle brillait en profondeur. Elle était lisse aussi, douce comme le satin ou la soie. Oui, lisse et profonde telle une mer d’huile. Et pourquoi pas comme une olive ? C’est ça, couleur oluivre ! Ça lui va bien. Elle avait le goût du soleil, la douceur des fruits, et la sensualité d’un solo de saxo dans un jazz club de la New Orleans. Un air de liberté les pieds sur terre. Mon cœur battait au rythme de ses rires. Et ils jaillissaient sans prévenir.

    Elle était là, emplissant la pièce de ses gestes et de ses bruits, pleine de promesses et de folie. Avec ses formes et ses courbes et son allure et mon désir. Elle était là toute entière, toujours, avec sa peau tout autour. Sa peau couleur oluivre, je ne sais pas si ça lui plaira, mais moi qui débarque du Gris-Nord, c’est ainsi que je la vois.

    Tif

     

    "Illustration d'une journée d'été", telle est la consigne du professeur ! Facile, pensais-je au premier abord ! Et c'est parti, un grand cercle jaune, quelques traits autour et voilà pour le soleil. Le ciel ? Bleu, évidemment. Ah oui, mais bleu comment ? Bleu ciel ? Non, trop pâle. Bleu marine ? Non, trop foncé. Bleu émeraude ? Non, trop vert. Bleu indigo ? Non, trop mauve. Bleu canard ? Non, trop vert. Mais alors, quel bleu ? Ce bleu n'existe-t-il pas ? Dois-je le créer ? Je pense que oui ; ce sera BLEU SOLEIL.

    Jany

     

    La mer est bleue

     

    La mer est bleue

    Non la mer est vert

    La mer est blert

    Elle est blert-clair

     

    La mer est rouge

    Dit l’enfant

    Mais enfin

    Tu vois bien qu’elle est blert-clair !

     

    La mer est d’huile

    Dit la sardine

     

    La mer est noire

    Dit Nougaro

     

    La mer est baltique, adriatique, ionique, lyrique, symphonique

    La mer est blertique

     

    La mère est calme

    Elle est mammaire

     

    L’enfant plonge

    Le pêcheur pêche

    Nougaro chantait

    La mer veille

     

    La mer est ditude

    La merditude

     

    Bleue ou d’huile

    Vert ou ique

    Noire ou calme

    Rouge ou ditude

    Quelle importance au fond

     

    Oui mais moi je vous dis

    Que la mer…………….. Elle est blert-clair

    Sylvie de Chambéry

     

    Je ne saurais définir exactement ce que mon œil ou mes yeux perçoit ou perçoivent en ce moment… des images défilent, ainsi que des souvenirs d’odeurs théoriques que j’ai répertoriés inconsciemment dans ma mémoire.

    Ce qui me vient à l’esprit, là, maintenant.

    Cela ressemblerait à des taches plus ou moins difformes, qui se superposent et selon l’angle où je me trouve, les taches deviennent une tache en faux reliefs de différentes consistances et de matières.

    Je vois ma couleur qui est la continuité de la lumière, un reflet de mes sentiments nostalgiques du passé et l’espérance d’un bel avenir.

    Un drapeau aérien où flottent les couleurs traditionnelles et intemporelles de l’arc en ciel.

    Ma couleur passe dans ma lanterne ou dans cette longue vue aux verres épais, polis par le temps et le frottement des mains usées par le sel marin.

    Ma couleur trépasse de ne pas se sentir connue de tous, tel un être sauvage isolé par sa différence de ne pas appartenir à une catégorie bien définie.

    Ma couleur n’est pas cataloguée, ni répertoriée dans un nuancier de couleur universel. Elle n’est connue que de moi, de ma perception visuelle et sensorielle, de ce que ma petite sphère globuleuse saisit en premier, avant que la réflexion naisse, avant que l’ordre des choses ne vienne altérer ce que la spontanéité dégage.

    Ma couleur est cette sensation première…

    Liéko 

     

    Une tache sur le chemin. Comme une flaque improbable. C’est ce que j’ai vu. Soudain, parce que juste avant je ne regardais pas par terre. Elle m’a surprise. Le chemin n’était ni charmant ni facile. Je marchais entre des murs de pierre. Ils étaient beaux. Habituellement je n’aime pas les murs. Mais ceux là oui. Depuis toujours. Les pierres ont été choisies et montées à la main. Il n’y a aucun mortier pour les tenir ensemble. Elles se tiennent l’une -l’autre et au bout du compte elles font un mur. Un mur qui protège, pas qui enferme. C’est ce que je regardais plutôt que le chemin. Mon regard a dû glisser sur le sol. Elle était là. La tache. Bizarre parce qu’elle était presque fluide comme un mirage du désert. Mais surtout je ne peux pas vous la décrire. Elle n’avait aucune couleur. Ou plutôt si, une couleur qui n’existe pas. Mais est-ce qu’une couleur qui n’existe pas est une couleur ? On ne pourrait la rattacher à rien de connu. Ni le ciel, ni la mer, non plus le sang ou l’aurore. Pas plus le soleil ou l’herbe ou la page ou la neige. La nuit ? Non non. Et pourtant je l’ai vue. Et tout ce qui se voit doit pouvoir se définir par la forme et la couleur. La forme ? Aucune importance car elle était mouvante comme une paramécie. Qui contiendrait des milliards d’éléments pris les uns dans les autres. Des éléments indescriptibles et minusculissimes. La couleur ? Nous y voilà. On pourrait croire qu’elle était grise comme une ombre. Pas du tout. Maintenant que je tente de vous raconter ce moment incroyable je me rends compte qu’elle se définit par la peau. Le corps. Par exemple je pourrais dire que c’était la brise quand elle nous effleure. Un frisson. Ou bien que ce fût transparent mais quand on est dans l’eau et qu’on regarde le fond. Froid et flou. Et puis aussi que j’ai senti mon visage se froisser comme quand on mange du citron. Rien qu’à la regarder. Je ne l’ai pas goûtée vous imaginez bien. C’eût été ridicule. D’ailleurs à cet instant je n’ai rien senti sur ma langue ou dans ma bouche. J’ai juste éprouvé l’acidité. Elle devait être acide CETTE COULEUR. Mais pas seulement. Très vite j’ai senti sous ma langue une douceur chocolatée. Elle était douce. Mais que c’était étrange. Tout venait d’elle. Les particules qui la composaient circulaient sans cesse, les unes contre les autres. J’essayais vainement d’en trouver l’unité pour y découvrir enfin la teinte qui me dirait quelque chose. Et puis je me mis à rire. Je n’arrivais plus à m’arrêter. Le rire montait comme un geyser. C’était une couleur gaie. Mais pas seulement. J’eus aussi des sanglots et des larmes et un chagrin d’enfant. Elle était triste donc. Et je me sentis consolée. Embrassée dans le vrai sens du terme. Chaleureuse, elle pouvait l’être. Et terrifiante car j’ai eu peur aussi.

    Je me suis assise le dos contre les pierres du mur. Et puis j’ai posé ma main ouverte sur la tache. Je ne sentis rien d’autre que les graviers du chemin. Pourtant, moi je les voyais les éléments minuscules qui bougeaient, qui bougeaient entre mes doigts. J’eus d’autres sentiments inexpliqués et d’autres émotions inattendues. Apparemment que j’y pose ma main ne changeait pas grand-chose. Pour elle. Elle restait énigmatique, hors du prisme, irréelle et présente.

    Moi si quelqu’un m’avait posé la question : Où étais-tu ? J’aurais répondu : Sur le chemin. Et qu’as-tu fait tout ce temps : J’ai vécu je crois.

    Maria

     

    Le briotte, comme toutes les couleurs invisibles aux non-initiés, est assez difficile à décrire. Inventée par les fées au IIIe siècle avant notre ère, elle se compose essentiellement de rouge griotte et de bleu azur. En la malaxant longtemps, les fées obtiennent un violet assez particulier, légèrement moiré, dont aujourd’hui encore elles parent leurs ailes. Cette couleur est comme un fard volatile, dont la poudre se dépose un peu partout sur le monde, au gré de leurs voyages. La meilleure saison pour en en saisir l’essence subtile est l’hiver, quand le givre a habillé la forêt de ses dentelles. Eclairée par le soleil, la canopée scintille alors de ce briotte si particulier qui fait grandir les arbres vers les étoiles.

    Dans les temps anciens, les Compagnons initiés aux secrets de l’impalpable, recueillaient la précieuse poudre et se servaient de ces pigments pour teinter l’œil de verre des rosaces éclairant les autels. Ils pensaient que cette poussière de fées, offrant aux hommes sa lumière, les ferait avancer sur le chemin de la spiritualité. D’aucuns voyaient plus loin. Ils étaient convaincus que, baignés dans cette lumière chaude et spectrale, les croyants pourraient ouvrir leur cœur aux anges et, peut-être, converser avec eux. Ils n’avaient pas tort. Ces dialogues silencieux avaient bien lieu et lavaient le cœur. Anges et hommes en ressortaient à la fois neufs au monde et plus riches. Les bâtisseurs en parèrent alors divers lieux sacrés. Temples, dolmens, chapelles, cathédrales, mosquées, grottes consacrées, monastères de tous ordres, sommets ou précipices, cascades bruyantes ou sources calmes, aux quatre coins du monde. Une croisade pacifique et colorée. Et dans le silence du recueillement, en ces lieux un peu magiques, aux temps où l’on entendait les sons inaudibles, se devinaient des notes magiciennes qui, par leur son cristallin étirait l’âme vers les étoiles. C’était aux temps où les hommes et les arbres suivaient la même route.

    Flore

     

    Le bleu soleil est une couleur très brillante, pourrait se comparer à une lagune des mers du sud, à des volets sur des façades de l'Afrique du nord ou des îles grecques, ou encore à certain des bateaux de pêche du Portugal. C'est une couleur très utile les matins où le soleil se sent timide puisqu'elle le rend invisible sur le fond du ciel, il peut darder de toute sa puissance sans être vu. Le bleu soleil est une teinte indispensable aux peintres qui ont du mal à représenter l'astre du jour dans un de leur paysage. Elle donne un éclat aux draps qui sèchent sur prés. C'est une couleur qui donne à la Schtroumpfette un bronzage parfait. Enfin elle fut très utilisée au cinéma, car elle assure la survie du peuple des Avatars.

    Gérard

     

    Elle sera de la teinte d’autrefois, de la couleur des Indes et du corbeau sur la neige piétinant autour de l’arbre, où sont tombées les petites pommes rouges ; elle sera d’une teinte d’enfance solitaire, d’une récolte de cerises acides dans les heures chaudes et odorantes de la campagne bien aimée ; elle aura cette odeur mêlée aux vibrations des criquets et aux feuilles de trèfles piétinées et aux dernières récoltes de blé en fin de journée ; la couleur qui n’existe pas sera une peinture magique qui fera enfin renaître les souvenirs : le gel des nuits de pleine lune, le brouillard bordant les marais, les orties qui piquent, les toiles d’araignées perlant de givre, les dahlias de la voisine, le chemin de l’école, la préparation du gâteau aux noix du jardin…

    Ce sera une couleur à géométrie variable, de l’art brut, du pointillisme, une lettre à Elise, un concerto de Ravel, une robe moirée de Madame de Guermantes, les souffles légers dans le dortoir du lycée, une dorade chatoyante du Pacifique, la fine poussière du volcan de Kagoshima saupoudrant les feuilles parapluies des ignames ; elle sera de la nuance de tous les jours, compressée dans le temps, distendue dans le ciel ; elle sera puissante comme les protubérances solaires, insaisissable comme l’amour fraternel, diaphane, éternelle, inconsolable…

    C’est la couleur dont je tapisserai mon muscle cardiaque et mes alvéoles pulmonaires afin d’entrer dans le monde merveilleux des couleurs qui n’existent pas…

    Nicole

     

    J'ai toujours aimé le grège, mélange de gris et de beige !

    Cette couleur se veut rassurante, élégante, un peu guindée, sobre mais qui va avec tout.  Donc qui appelle à se marier.

    J'aime aussi le vert ! Le pétillant, le vivifiant, l'énergisant. Avec le gris du grège, j'obtiendrai un ton doux mais insuffisant à mon gout. Il manque de la force !

    J'y ajouterai, alors, un ton de prune, ou peut être un lie de vin. Tiens ! La chaleur du raisin noir bien mur ! Ensoleillé, généreux, sirupeux. 

    Ma couleur s'appelle Adéquation !

    Elle est issue de trois forces et forme une trilogie, un accord parfait, équilibré.

    Elle est parfois moirée, satinée puis apporte du relief, de la consistance.

    Elle questionne, elle surprend par sa transparence et sa force.

    C'est un riche mélange que l'on voudrait goûter, sentir, s'en huiler la peau.

    Vous la voyez ma grèvertrune ?

    So.


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