• e-atelier septembre 2014

    Créez une couleur qui n’existe pas, définissez-la et dites en quoi elle est importante.

     

    C’est la couleur du rêve, celle-là même que l’on devine à travers nos paupières closes. Cette couleur tachetée de grains lumineux frémissants. Cette couleur caméléon qui enveloppe nos idées les plus intimes, cette couleur qui dissipe nos actes, cette couleur qui atténue nos souffrances, cette couleur qui s’accorde aux notes du silence. Cette couleur qui mélange d’un battement toutes les couleurs de la journée à l’heure du coucher. Cette couleur-là, c’est celle du repos de l’âme, celle de l’extinction avant la renaissance, celle de la mort, celle de la vie avant la naissance…

    Amélie

     

    Je viens du Nord. Mais pas du Grand avec ses forêts enneigées, ses rennes, et ce bon vieux Père Noël. Moi je viens du gris. C’est-à-dire de Paris. Un thème sur la couleur, de prime abord je me suis dit : non merci. Même si aujourd’hui je me baigne dans les bleus, les verts, et les roses du Sud de la France, créer une couleur, je le sentais pas. J’écris toujours la nuit, ça m’aide pas.

    J’ai pourtant persévéré, creusant ma mémoire à la recherche de moments colorés, et je me suis souvenu d’elle. De sa joie naturelle, de son sourire et de ses cheveux blonds savane qui couvraient et découvraient ses épaules au gré de ses éclats de vie.

    J’ai revu ses yeux verts argent, ses mains peintes de couleurs inconnues mais parfaitement répertoriées, et ses volutes de fumée grise et bleue dans lesquelles je me noyais.

    D’un coup de mémoire il faisait jour. Elle était là. Et ce thème semblait être fait pour moi. La couleur de sa peau méritait d’être créée.

    Ni noire, ni chocolat au lait. Elle était bronzée mais pas métisse. Ni dorée. Encore moins orange. Plutôt cuivrée. C’est ça, cuivrée. Quoique… elle brillait, certes, mais sans refléter ni éblouir. Elle brillait en profondeur. Elle était lisse aussi, douce comme le satin ou la soie. Oui, lisse et profonde telle une mer d’huile. Et pourquoi pas comme une olive ? C’est ça, couleur oluivre ! Ça lui va bien. Elle avait le goût du soleil, la douceur des fruits, et la sensualité d’un solo de saxo dans un jazz club de la New Orleans. Un air de liberté les pieds sur terre. Mon cœur battait au rythme de ses rires. Et ils jaillissaient sans prévenir.

    Elle était là, emplissant la pièce de ses gestes et de ses bruits, pleine de promesses et de folie. Avec ses formes et ses courbes et son allure et mon désir. Elle était là toute entière, toujours, avec sa peau tout autour. Sa peau couleur oluivre, je ne sais pas si ça lui plaira, mais moi qui débarque du Gris-Nord, c’est ainsi que je la vois.

    Tif

     

    "Illustration d'une journée d'été", telle est la consigne du professeur ! Facile, pensais-je au premier abord ! Et c'est parti, un grand cercle jaune, quelques traits autour et voilà pour le soleil. Le ciel ? Bleu, évidemment. Ah oui, mais bleu comment ? Bleu ciel ? Non, trop pâle. Bleu marine ? Non, trop foncé. Bleu émeraude ? Non, trop vert. Bleu indigo ? Non, trop mauve. Bleu canard ? Non, trop vert. Mais alors, quel bleu ? Ce bleu n'existe-t-il pas ? Dois-je le créer ? Je pense que oui ; ce sera BLEU SOLEIL.

    Jany

     

    La mer est bleue

     

    La mer est bleue

    Non la mer est vert

    La mer est blert

    Elle est blert-clair

     

    La mer est rouge

    Dit l’enfant

    Mais enfin

    Tu vois bien qu’elle est blert-clair !

     

    La mer est d’huile

    Dit la sardine

     

    La mer est noire

    Dit Nougaro

     

    La mer est baltique, adriatique, ionique, lyrique, symphonique

    La mer est blertique

     

    La mère est calme

    Elle est mammaire

     

    L’enfant plonge

    Le pêcheur pêche

    Nougaro chantait

    La mer veille

     

    La mer est ditude

    La merditude

     

    Bleue ou d’huile

    Vert ou ique

    Noire ou calme

    Rouge ou ditude

    Quelle importance au fond

     

    Oui mais moi je vous dis

    Que la mer…………….. Elle est blert-clair

    Sylvie de Chambéry

     

    Je ne saurais définir exactement ce que mon œil ou mes yeux perçoit ou perçoivent en ce moment… des images défilent, ainsi que des souvenirs d’odeurs théoriques que j’ai répertoriés inconsciemment dans ma mémoire.

    Ce qui me vient à l’esprit, là, maintenant.

    Cela ressemblerait à des taches plus ou moins difformes, qui se superposent et selon l’angle où je me trouve, les taches deviennent une tache en faux reliefs de différentes consistances et de matières.

    Je vois ma couleur qui est la continuité de la lumière, un reflet de mes sentiments nostalgiques du passé et l’espérance d’un bel avenir.

    Un drapeau aérien où flottent les couleurs traditionnelles et intemporelles de l’arc en ciel.

    Ma couleur passe dans ma lanterne ou dans cette longue vue aux verres épais, polis par le temps et le frottement des mains usées par le sel marin.

    Ma couleur trépasse de ne pas se sentir connue de tous, tel un être sauvage isolé par sa différence de ne pas appartenir à une catégorie bien définie.

    Ma couleur n’est pas cataloguée, ni répertoriée dans un nuancier de couleur universel. Elle n’est connue que de moi, de ma perception visuelle et sensorielle, de ce que ma petite sphère globuleuse saisit en premier, avant que la réflexion naisse, avant que l’ordre des choses ne vienne altérer ce que la spontanéité dégage.

    Ma couleur est cette sensation première…

    Liéko 

     

    Une tache sur le chemin. Comme une flaque improbable. C’est ce que j’ai vu. Soudain, parce que juste avant je ne regardais pas par terre. Elle m’a surprise. Le chemin n’était ni charmant ni facile. Je marchais entre des murs de pierre. Ils étaient beaux. Habituellement je n’aime pas les murs. Mais ceux là oui. Depuis toujours. Les pierres ont été choisies et montées à la main. Il n’y a aucun mortier pour les tenir ensemble. Elles se tiennent l’une -l’autre et au bout du compte elles font un mur. Un mur qui protège, pas qui enferme. C’est ce que je regardais plutôt que le chemin. Mon regard a dû glisser sur le sol. Elle était là. La tache. Bizarre parce qu’elle était presque fluide comme un mirage du désert. Mais surtout je ne peux pas vous la décrire. Elle n’avait aucune couleur. Ou plutôt si, une couleur qui n’existe pas. Mais est-ce qu’une couleur qui n’existe pas est une couleur ? On ne pourrait la rattacher à rien de connu. Ni le ciel, ni la mer, non plus le sang ou l’aurore. Pas plus le soleil ou l’herbe ou la page ou la neige. La nuit ? Non non. Et pourtant je l’ai vue. Et tout ce qui se voit doit pouvoir se définir par la forme et la couleur. La forme ? Aucune importance car elle était mouvante comme une paramécie. Qui contiendrait des milliards d’éléments pris les uns dans les autres. Des éléments indescriptibles et minusculissimes. La couleur ? Nous y voilà. On pourrait croire qu’elle était grise comme une ombre. Pas du tout. Maintenant que je tente de vous raconter ce moment incroyable je me rends compte qu’elle se définit par la peau. Le corps. Par exemple je pourrais dire que c’était la brise quand elle nous effleure. Un frisson. Ou bien que ce fût transparent mais quand on est dans l’eau et qu’on regarde le fond. Froid et flou. Et puis aussi que j’ai senti mon visage se froisser comme quand on mange du citron. Rien qu’à la regarder. Je ne l’ai pas goûtée vous imaginez bien. C’eût été ridicule. D’ailleurs à cet instant je n’ai rien senti sur ma langue ou dans ma bouche. J’ai juste éprouvé l’acidité. Elle devait être acide CETTE COULEUR. Mais pas seulement. Très vite j’ai senti sous ma langue une douceur chocolatée. Elle était douce. Mais que c’était étrange. Tout venait d’elle. Les particules qui la composaient circulaient sans cesse, les unes contre les autres. J’essayais vainement d’en trouver l’unité pour y découvrir enfin la teinte qui me dirait quelque chose. Et puis je me mis à rire. Je n’arrivais plus à m’arrêter. Le rire montait comme un geyser. C’était une couleur gaie. Mais pas seulement. J’eus aussi des sanglots et des larmes et un chagrin d’enfant. Elle était triste donc. Et je me sentis consolée. Embrassée dans le vrai sens du terme. Chaleureuse, elle pouvait l’être. Et terrifiante car j’ai eu peur aussi.

    Je me suis assise le dos contre les pierres du mur. Et puis j’ai posé ma main ouverte sur la tache. Je ne sentis rien d’autre que les graviers du chemin. Pourtant, moi je les voyais les éléments minuscules qui bougeaient, qui bougeaient entre mes doigts. J’eus d’autres sentiments inexpliqués et d’autres émotions inattendues. Apparemment que j’y pose ma main ne changeait pas grand-chose. Pour elle. Elle restait énigmatique, hors du prisme, irréelle et présente.

    Moi si quelqu’un m’avait posé la question : Où étais-tu ? J’aurais répondu : Sur le chemin. Et qu’as-tu fait tout ce temps : J’ai vécu je crois.

    Maria

     

    Le briotte, comme toutes les couleurs invisibles aux non-initiés, est assez difficile à décrire. Inventée par les fées au IIIe siècle avant notre ère, elle se compose essentiellement de rouge griotte et de bleu azur. En la malaxant longtemps, les fées obtiennent un violet assez particulier, légèrement moiré, dont aujourd’hui encore elles parent leurs ailes. Cette couleur est comme un fard volatile, dont la poudre se dépose un peu partout sur le monde, au gré de leurs voyages. La meilleure saison pour en en saisir l’essence subtile est l’hiver, quand le givre a habillé la forêt de ses dentelles. Eclairée par le soleil, la canopée scintille alors de ce briotte si particulier qui fait grandir les arbres vers les étoiles.

    Dans les temps anciens, les Compagnons initiés aux secrets de l’impalpable, recueillaient la précieuse poudre et se servaient de ces pigments pour teinter l’œil de verre des rosaces éclairant les autels. Ils pensaient que cette poussière de fées, offrant aux hommes sa lumière, les ferait avancer sur le chemin de la spiritualité. D’aucuns voyaient plus loin. Ils étaient convaincus que, baignés dans cette lumière chaude et spectrale, les croyants pourraient ouvrir leur cœur aux anges et, peut-être, converser avec eux. Ils n’avaient pas tort. Ces dialogues silencieux avaient bien lieu et lavaient le cœur. Anges et hommes en ressortaient à la fois neufs au monde et plus riches. Les bâtisseurs en parèrent alors divers lieux sacrés. Temples, dolmens, chapelles, cathédrales, mosquées, grottes consacrées, monastères de tous ordres, sommets ou précipices, cascades bruyantes ou sources calmes, aux quatre coins du monde. Une croisade pacifique et colorée. Et dans le silence du recueillement, en ces lieux un peu magiques, aux temps où l’on entendait les sons inaudibles, se devinaient des notes magiciennes qui, par leur son cristallin étirait l’âme vers les étoiles. C’était aux temps où les hommes et les arbres suivaient la même route.

    Flore

     

    Le bleu soleil est une couleur très brillante, pourrait se comparer à une lagune des mers du sud, à des volets sur des façades de l'Afrique du nord ou des îles grecques, ou encore à certain des bateaux de pêche du Portugal. C'est une couleur très utile les matins où le soleil se sent timide puisqu'elle le rend invisible sur le fond du ciel, il peut darder de toute sa puissance sans être vu. Le bleu soleil est une teinte indispensable aux peintres qui ont du mal à représenter l'astre du jour dans un de leur paysage. Elle donne un éclat aux draps qui sèchent sur prés. C'est une couleur qui donne à la Schtroumpfette un bronzage parfait. Enfin elle fut très utilisée au cinéma, car elle assure la survie du peuple des Avatars.

    Gérard

     

    Elle sera de la teinte d’autrefois, de la couleur des Indes et du corbeau sur la neige piétinant autour de l’arbre, où sont tombées les petites pommes rouges ; elle sera d’une teinte d’enfance solitaire, d’une récolte de cerises acides dans les heures chaudes et odorantes de la campagne bien aimée ; elle aura cette odeur mêlée aux vibrations des criquets et aux feuilles de trèfles piétinées et aux dernières récoltes de blé en fin de journée ; la couleur qui n’existe pas sera une peinture magique qui fera enfin renaître les souvenirs : le gel des nuits de pleine lune, le brouillard bordant les marais, les orties qui piquent, les toiles d’araignées perlant de givre, les dahlias de la voisine, le chemin de l’école, la préparation du gâteau aux noix du jardin…

    Ce sera une couleur à géométrie variable, de l’art brut, du pointillisme, une lettre à Elise, un concerto de Ravel, une robe moirée de Madame de Guermantes, les souffles légers dans le dortoir du lycée, une dorade chatoyante du Pacifique, la fine poussière du volcan de Kagoshima saupoudrant les feuilles parapluies des ignames ; elle sera de la nuance de tous les jours, compressée dans le temps, distendue dans le ciel ; elle sera puissante comme les protubérances solaires, insaisissable comme l’amour fraternel, diaphane, éternelle, inconsolable…

    C’est la couleur dont je tapisserai mon muscle cardiaque et mes alvéoles pulmonaires afin d’entrer dans le monde merveilleux des couleurs qui n’existent pas…

    Nicole

     

    J'ai toujours aimé le grège, mélange de gris et de beige !

    Cette couleur se veut rassurante, élégante, un peu guindée, sobre mais qui va avec tout.  Donc qui appelle à se marier.

    J'aime aussi le vert ! Le pétillant, le vivifiant, l'énergisant. Avec le gris du grège, j'obtiendrai un ton doux mais insuffisant à mon gout. Il manque de la force !

    J'y ajouterai, alors, un ton de prune, ou peut être un lie de vin. Tiens ! La chaleur du raisin noir bien mur ! Ensoleillé, généreux, sirupeux. 

    Ma couleur s'appelle Adéquation !

    Elle est issue de trois forces et forme une trilogie, un accord parfait, équilibré.

    Elle est parfois moirée, satinée puis apporte du relief, de la consistance.

    Elle questionne, elle surprend par sa transparence et sa force.

    C'est un riche mélange que l'on voudrait goûter, sentir, s'en huiler la peau.

    Vous la voyez ma grèvertrune ?

    So.


  • Commentaires

    1
    So
    Jeudi 4 Septembre 2014 à 00:47

    J'ai toujours aimé le grège, mélange de gris et de beige !

    Cette couleur se veut rassurante, élégante, un peu guindée, sobre mais qui va avec tout.  Donc qui appelle à se marier.

    J'aime aussi le vert ! Le pétillant, le vivifiant, l'énergisant. Avec le gris du grège, j'obtiendrai un ton doux mais insuffisant à mon gout. Il manque de la force !

    J'y ajouterai, alors, un ton de prune, ou peut être un lie de vin. Tiens ! La chaleur du raisin noir bien mur ! Ensoleillé, généreux, sirupeux. 

    Ma couleur s'appelle Adéquation !

    Elle est issue de trois forces et forme une trilogie, un accord parfait, équilibré.

    Elle est parfois moirée, satinée puis apporte du relief, de la consistance.

    Elle questionne, elle surprend par sa transparence et sa force.

    C'est un riche mélange que l'on voudrait goûter, sentir, s'en huiler la peau.

    Vous la voyez ma grèvertrune ?

     

     

     

    2
    Vendredi 5 Septembre 2014 à 11:08

    Merci, So, pour ta participation !

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