• e-atelier avril 2015

    Racontez une histoire extraordinaire que vous avez vécu.

     

    Ce phénomène, je l’ai vécu dans le Var, auprès d’une amie qui ressentait dans son être plutôt que dans sa tête des informations, des mots, des images. Nous nous  voyions, comme deux couples de retraités et ses perceptions lui arrivaient plus claires et plus nettes en ma présence, comme si je servais d’antenne à un récepteur d’ondes radio ou télévision. Comme nous avions entamé depuis quelques mois, un travail commun sur les  énergies cosmo-telluriques et la pratique de la radiesthésie, nous précisâmes l’expérience.
    Nous étions assis autour de la table au moment du déjeuner, lorsqu’elle commença à frissonner, elle me demanda de me placer debout derrière elle, de mettre mes mains sur ses épaules. Après quelques secondes cela se déclencha, des mots et des phrases furent énoncées par sa bouche, mais pas avec sa voix.
    C’était l’annonce de ce qu’elle devait faire dorénavant si elle le souhaitait, à savoir aider par le canal qu’elle était, les personnes qui se présenteraient à elle et qui en exprimeraient le besoin. Il fut préciser qu’elle serait guider, mais qu’il lui faudrait quand même faire preuve de vigilance par rapport aux situations qui lui seraient présentées. Enfin le message fut annoncé comme venant d’une dimension vibratoire autre et que dans l’instant la communication était compliquée à établir mais que à l’avenir les choses deviendraient plus simples avec le vécu. Mon amie se remit à trembler, le message était terminé, nous étions tous les deux livides, épuisés, comme vidés après un effort intense. Le repas nous remis un peu en ligne mais nous dûmes boire énormément d’eau. Elle se passa rapidement de son « antenne » et nous vécûmes avec elle quelques aventures aux frontières de l’imaginable…(à suivre peut-être).

                             Barjols dans le Var en 1995

    Gérard

     

     

    Une histoire ex…

    Ce n’était pas extraordinaire, là-bas : une histoire ordinaire pour une vie de tous les jours ; mais à mon sentiment, ça l’était ! Il était bientôt midi, c’était l’heure où les enfants rentraient de l’école primaire, des petites classes… elles étaient minuscules, à les voir de loin, dans la rue, la main dans la main, l’aînée avec son air toujours sérieux et responsable, la petite, pimpante avec sa casquette jaune au nom de sa classe, sautillante auprès de sa sœur, pressées, les deux de voir maman et de raconter ; l’air était doux, un début de printemps, avec quelques pétales qui flottaient dans une légère brise ; un sentiment de joie, comme lorsqu’on arrive au bord de l’océan et que l’on sait que l’on va être bien ; peu de bruit, dans la rue, les autres mères attendant elles aussi les petits, entourées de bonnes odeurs de cuisine ; ils arrivaient, les petits, alléchés à l’idée des makis aux algues et aux grillades de poulet macéré ; presque un moment de plénitude, un moment que l’on va partager toutes les trois, sans personne pour réclamer ci ou ça… Dans la cour où j’attendait, il y avait un grand auvent avec plein de matériel agricole, une forge pour ferrer les chevaux, de grands paniers d’osier, une vieille charrette pas encore réparée, la maison était en face…quand, soudain, le sol s’est mis à trembler doucement, et puis l’auvent à se balancer ; et puis le sol s’est mis à se balancer moins doucement et l’auvent était secoué comme un bateau, à droite à gauche ; et puis quelques cris, et puis les enfants qui sont encore à bonne distance et moi, figée, m’attendant au pire : « vais-je les revoir vivantes…vite, vite, dépêchez-vous… » ; les voilà arrivées, n’ayant pas bien compris cette agitation soudaine ; et puis tout redevenu comme normal ! après tout, c’est normal, là-bas ! chaque jour, les élèves s’exercent à la survie, aux gestes primordiaux, sans panique… jusqu’au grand jour où ce ne sera plus normal…

    Histoire vécue dans les années 1970 ; lors du séisme de Fukushima, je me suis sentie totalement concernée…

    Nicoleg

     

     

    Histoire extraordinaire. Dirait Edgar P.

    Il me suffit de cligner de l’œil pour entendre l’extraordinaire. Autour de nous.
    « Sais-tu que la voisine a eu des quintuplés ? »
    « Le postier ne me monte jamais les recommandés. »
    « Ils ont fait appel à un exorciste, elle divaguait la nuit, avec une voix étrange »
    « Ses citrons sont juste pourris »
    « Il allumait sa cigarette en la retournant, puis il l’embrassait, comme on aime une femme »
    « Elle s’est fait refaire les seins et la bouche »
    « Il peignait des tableaux sans couleur et sans pinceau »

    Entre la synchronicité et l’extraordinaire, il n’y a qu’un pas. Petit pied.

    Je pense à ma fille, elle m’appelle. Je rêve de Gilles crachant des bulles blanches, comme un magicien, il lui arrive une sombre histoire d’incompréhension. Une histoire où il doit se taire. Je tends négligemment la jambe dans le TGV, un enfant turbulent se ramasse la moquette et pleure.

    Le lendemain, j’ai mal à la cheville.

    Quand elle est entrée en prison, elle voulait mourir. Une ancienne détenue l’a soutenue. Elle a murmuré : « Dans ta journée, trouve trois choses extraordinaires, des choses simples, j’ai bien mangé, on m’a souri, j’ai bien dormi… »On m’a donné rendez-vous, rue du rendez-Vous. Vous êtes cernés. Les esprits batifolent avec nos croyances, nos superstitions. Lou m’appelle à 12h12. Je ne marche pas sur les joints des pavés, je marche au centre, je fais un vœu. Je déteste les nombres impairs, je les veux divisible par deux. Je veux pouvoir les séparer pour les faire grandir après. Je fais un loto deux fois par an. Je ne gagne jamais. Même pas trois numéros. Les histoires extraordinaires de nos vies sont nos joies simples et évidentes.
    Le lilas refleurit. J’aime le lilas, j’aime son parfum, j’aime sa couleur, j’aime sa grappe. J’aime le printemps.

    Cette Terre est extraordinaire.


    Logette

     

    Nous naviguons depuis 10 jours et depuis 10 jours, nous faisons le point sur la carte. Nous attendons une bonne nouvelle qui ne vient pas. Nous dérivons au milieu de l’Atlantique, coincés entre le triangle des Bermudes et les Antilles. Nous sommes donc approximativement au milieu de nulle part. Nous aurions dû atteindre les Açores dans quelques jours à peine, mais c’était sans compter sur El Ninio dont l’ombre plane sur le vaste océan. Cette dépression gourmande a mangé jusqu’au moindre souffle de vent, et nous n’avons pas assez d’essence pour naviguer au moteur. Nos voiles sont inutiles. Nous sommes une petite barque au milieu de l’infini, 20 000 mètres de fond, pas de terre en vue. Aucune chance de respecter les délais. Pourtant, personne ne nous attend sur l’île de Flores, nous avons tout le temps. Nous mettrons 25 jours au lieu de 18, voilà tout ! Mais ce n’est pas cela qui compte. Nous avons beaucoup de mal à jouir du spectacle majestueux que nous offre l’océan, parce que nos réserves d’eau sont épuisées. Celle de la cale a croupi, la vache, cette grande poche en plastique recelant un mètre cube d’eau vitale, s’est percée sur une aiguille de bois au début du voyage ; elle est plate comme un sein tari. Les bouteilles qui nous restent peuvent désormais se compter sur les doigts d’une main. Alors, nous envisageons les solutions extrêmes : appeler un cargo à l’aide ou faire fonctionner la cocotte minute. La remplir d’eau de mer, allumer le gaz, raccorder le bout d’un tuyau de plastique sur la soupape, glisser l’autre dans une bouteille vide, recueillir les précieuses gouttelettes de vapeur. Et comme nous croisons un cargo tous les 3 à 4 jours, nous prévoyons de faire les deux : boire la vapeur d’eau en lançant un appel à l’aide. Aussi, nous commençons à nous rationner. Personne ne montre son inquiétude et d’ailleurs, personne n’est réellement inquiet – nous avons confiance. Mais nous sommes réalistes. Nous buvons donc peu. Les journées passent. Tous les jours, le soleil est ardent, il se reflète en milliards de paillettes sur une mer d’huile. Je souris de ce paradoxe : nous pourrions mourir de soif en flottant sur la plus grande réserve d’eau de la planète. Combien se sont rendu fous en buvant l’eau de mer, croyant par ce geste sauver leur vie ? Nous avons donc un avantage : nous savons que cette eau n’est pas consommable ; nous ne mourrons pas fous, nous mourrons secs ! Ou nous ne mourrons pas du tout. L’horizon s’assombrit. Déjà, de gros nuages ouatent l’azur céleste. Alors, nous prions. Nous demandons la pluie et, si possible, de nous trouver dessous. Nous avons déjà vu plusieurs grains nous passer à côté sans possibilité de les atteindre. Mais celui-ci menace vraiment et il a l’air de vouloir nous viser. « Préparez-vous, ça va secouer ! ». Nous nous encapuchonnons dans nos cirés, sortons toutes les bouteilles vides. Mon père hisse la grand voile, la génoise et le foc – ils serviront de gouttières. Nos trois seaux seront des réceptacles. Soudain, l’averse est là ; une de ces pluies qui nous feraient croire à la fin du monde si elle n’était, pour nous, une renaissance. J’ai une petite pensée pour Noé qui a dû se sentir bien seul, face au déluge. Les bouteilles se remplissent vite, nous aurons de quoi finir le voyage en ayant le luxe de boire à notre soif. Nous finissons de remplir les derniers récipients, quand plus rien. La pluie est repartie comme elle était venue : en quelques secondes. Mon père descend à la réserve, en revient avec une bouteille d’eau de source : « C’était la dernière ! ». Désormais, nous survivrons en buvant l’eau du ciel. Qui sont les rois du monde ?

    Assez vite, le statut de reine du monde ne me suffit plus ; je veux être aussi celle de l’océan – l’arrogance de la jeunesse. Je m’amarre à une drisse afin de ne pas être emportée par les courants et plonge dans l’infini. Je place un masque sur mes yeux et m’immerge entièrement. Mais ce n’est pas l’océan qui m’attend. C’est l’espace. La terre est 20 kilomètres en-dessous, la gravité s’est absentée ; il n’y a rien que du bleu, profond, à perte de vue. Je flotte au milieu d’un vide spatial ; je suis une astronaute océanique. L’histoire extraordinaire n’est pas celle que l’on croit. L’extraordinaire n’est pas d’avoir manqué d’eau, mais de m’être trouvée en elle, comme dans un ventre maternel immense. Une petite femme au milieu de la mer, bercée par l’univers, née grâce à l’eau, maintenue en vie grâce à l’eau. A cet instant, je touche du doigt le sublime. La reconnaissance d’être en vie et de pouvoir jouir de ce cadeau. Mon souffle est court, je dois regagner la surface. Je reviens au monde et prends une longue inspiration. Je nais une deuxième fois. La mer vient d’accoucher de moi. Je suis.

    Flore


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