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Aujourd'hui, c'est poésie !
d'abord, je l'ai trouvée aguicheuse
avec ses jupes trop courtes
et sa manie d'assortir son rouge à lèvres à ses chaussures
ses boucles d'oreilles à sa ceinture
elle chantonnait tout le temps et faisait des clins d’œil à tout va
c'était facile de s'imaginer dans ses bras
je l'ai abordée, et
j'ai rien compris
elle mélangeait mystères et métaphores
ne parlait qu'en frime en fait
en utilisant des mots qui étaient morts
c'était beau
ça sonnait bien
bien trop pour que j'ai envie d'aller plus loin
depuis, j'ai appris qu'elles n'étaient pas toutes les mêmes
qu'il y avait autant de femmes que de poèmes
d'en lire un qui me plaise je ne désespère
en attendant je perds ces vers
TiF
J’ai entendu la pluie
Le linge restait humide
La coiffeuse du bas de ma rue
A coupé mes cheveux
Mouillés et colorés
De beaux reflets dorés
L’été qu’on attendait
M’a parlé de naissances
Religion Abondance
M’a raconté sa peur
Des deux souris trouvées
Mortes
Des vapeurs de ces gaz qui la faisaient pleurer
Des gamins qui couraient un foulard sur le nez
Des hommes qui les coursaient
Bleu Marine Uniforme
Elle s’est mise à chanter
La musique d’un gitan passait à la télé
Mon brushing aérien ne passera pas l’été
Je suis rentrée trempée
Un peu triste à la fois
Parce que je le vaux bien !
Logette
CHRYSALIDE
Tout juste sortie de la chrysalide
Ses ailes à peine défroissées,
Elle s’infiltre dans ses jours
Clandestine ostensible,
Avec dans son regard limpide
Des éclats de sérénité.
Au printemps de son retour
dilue une trainée paisible
Sur les banales ardeurs
Désarmant les colères et les peurs.
Qu’importe si l’automne et l’hiver
De ses ailes délavent les couleurs
Là-bas le cocon éphémère,
Enlumineur de ses profondeurs
Patiente, espérant son regain
Imprégner ses ailes de garance
Restaurer son âme de poussin
Renaissance élégante de bienveillance.
Martine
Ode à la poésie...
Une feuille, une plume.
Une idée, des volumes.Tout coucher sur le papier,
Des ratures, les effacer.Et puis vient l’inspiration,
L'esprit s'échappe dans la création.On écrit, on relit.
On hésite, on choisit.L'étincelle puis l'émotion.
Les mots se mêlent dans la passion.Un texte apparaît alors,
Ce ne sont plus des mots, c’est de l'or. ...Auteurs célèbres ou inconnus,
Textes profonds ou superflus.À leur lecture le même effet,
La même ferveur.Tant d'encre versée,
C'est un vrai bonheur.Virginie
Lupus et la fée
C’est la fée qui a mangé le loup ;
Il est mort, pimpant, sur le coup ;
Il avait oublié son slip et sa cape :
Elle l’a confondu avec un satrape !
La fée s’appelle Manganèse,
Elle a les pieds bots comme Gervaise ;
Le loup l’aimait beaucoup
Mais elle avait souvent le croup !
Elle voulu lui tordre le cou
« basta, loup impur hurlant ,
Poème dois-je écrire en pleurant ? »
Manganèse a de grandes dents….
[cette histoire n’est pas pour les enfants…]
(niqol)
Mukashii…
Encre bleue, Japon,
Papier blanc papillon,
Ghetas doigtées laquées
Résonnent sur la voie lactée ;
Renards et noire sorcière
Harcèlent le kappa sous terre…
Fillettes en casquette colorées,
En rang joyeux vers l’école,
Pinceaux et encre alignés,
Dessinent de sages farandoles ;
Encre bleue, Japon,
Papier blanc papillon,
Porte coulissante silencieuse
S’ouvre vers la bienheureuse,
Bombes, feux de glace, noire suie
Effacent de la vie toute envie ;
Petits garçons en chapeau doré,
En rang joyeux vers l’école
Souliers et soroban alignés,
Content les rêves des lucioles…
( mukashii= autrefois ; ghetas : socques en bois ; kappa : petit monstre aquatique ; soroban : boulier en bois)
niqol
O Bière,
Tu es en canette mais pas en bouteille
Je préfère le verre à l’acier.
O Vent,
Tu rends mon humeur encore plus ennuyeuse que d’habitude
Pourtant tu n’as pas remarqué la beauté du lieu
Tu as fixé le vent, comme un rempart d’amertume.
O Eau,
Tu me donnes des aigreurs d’estomac
Bizarre, tu es le seul parmi nous à souffrir de ce mal
Je n’ai bu que de l’eau mais pas de la bière !
O Soleil,
Tu es la vie et donne de l’énergie,
Tu me l’as rendu encore plus vieux et énervé
Pourtant tu aurais du l’apaiser !
O Canne à pêche,
De ton rocher, tu aurais pu te détendre et écouter le bruit des vagues
Tu n’as pas arrêté de fixer l’heure
Pour renter !
O Poissons,
Tu te donnes des objectifs : Que des gros !
Ce n’est pas la taille qui compte !
C’est le plaisir de l’instant.
Reste modeste !
O Cacahuètes,
Tu deviens indispensable
Tu es devenu mon compagnon de fortune !
Solitaire, tu es mon partenaire.
O Moi,
Tu n’as pas arrêté de dire je
Jamais nous.
Cela aurait pu être une ode à l’amour au bord de l’eau
Mais cela a été le calvaire au bord de l’eau.
Avec de l’imagination… je vais garder en mémoire
Le contact de l’eau sur mes pieds,
L’odeur iodée avec cette touche de jasmin
Et le plaisir de lancer la canne et ramener de jolis petits poissons colorés.
Entre deux touches,
Le plaisir de feuilleter le livre
Qui me fait encore voyager.
Liék
Où vont les mots quand ils sont lus ? Les poètes les volent au vent puis les cuisinent, en quête de détournement de sens. Ils se font, par exemple, le cœur au bord des livres et les yeux en amante, hâtent le vers tant qu’il est beau, cultivent la culture, trinquent sans crainte à la démesure en se traitant parfois de tête de litote. Après une belle fête au carré, les voici endormis. Tant mieux. Demain, il leur faudra veiller à rester dans les rêves pour inventer une rêvalité. Commencer par attraper les papillons pour en faire des vers, puis partir en ballade en prenant soin de croiser les rimes à chaque carrefour ou de les embrasser pour les amis rencontrés sur la déroute. Puis en bons chasseurs de déprimes, se rendre partout où l’ombre gronde et mettre alors la crise sur le gâteau. Commencer par faire des dodécasyllabes sur le Dodécanèse, des haïkaïs sur le Sinaï, des alexandrins à Alexandrie, des quatrains au Qatar et en Syrie ? Des vers libres ! Les dévoiler aux femmes.
- Combien en voulez-vous, madame ?
- Vous m’en mettrez deux calligrammes !
Faire des deux hémisphères un seul hémistiche, rendre à césure ce qui fut à Césaire, combiner un tercet gagnant, puis s’aimer en se déclarant un slam. Au soir, faire une prose bien méritée, cueillir les fruits du poémier, se mettre à fable et croquer dans un croissant de lune, un vers plein à la main. Un vers à douze pieds, pour ne jamais manquer de vin. Et chaque jour, changer le monde, réapprendre à parler, troquer tout à trac des rimes en vrac contre des lettres foutraques ; peur bleue contre fleur bleue, clandestin contre grand destin, guerre contre mère, horreur contre honneur, flamme contre femme. En bons poètes sans papiers, ne plus maudire mais dire les mots. Faire pleuvoir des cordes sur les lyres, lire à Gordes les délires, nos mots amis, amis des mots puisque demain, comme aujourd’hui, c’est Poésie.
Flore
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Commentaires
wahou ! j'adore !